Archives de la catégorie ‘Lettres Henry’

Souillac le 21 juillet 1947

Ma chère petite Suzanne

Je vous écris ce mot en hâte pour que vous sachiez que je suis de nouveau dans le Lot où j’ai dû revenir depuis quelques temps auprès de mon pauvre beau-père pour l’assister dans ses derniers moments, puisque j’ai eu la tristesse de l’enterrer il y a 3 jours. Ce sont de bien durs moments à passer. C’est le dernier des miens qui disparait.

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Gourdon le 24 juin 1947

Mon Amie chérie

Je vous embrasse…

Si je commence ainsi ma lettre, c’est d’abord parce que vous avez terminé par ce mot votre avant dernière lettre. Et aussi parce que vous avez été un amour de m’écrire longuement en réponse à ma simple carte de Lille. Et enfin, parce que j’ai bien à me faire pardonner d’avoir été si long à vous répondre.

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Paris le 29 avril 1947

Ma tendre Amie

C’est quand même très gentil et très chic de m’avoir écrit, sans attendre d’avoir reçu une réponse à votre précédente lettre et j’ai été d’autant plus agréablement surpris de recevoir votre petit mot que je croyais que vous aviez pour principe absolu de ne pas écrire deux fois de suite, c’est à dire d’attendre rigoureusement l’alternance des lettres et de pratiquer la politique du donnant donnant.

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Paris le 18 mars 1947

Ma petite Suzanne chérie

Est-ce que vous connaissez ce tableau de Millet qui est intitulé, je crois, l’arc-en-ciel ? Il représente un jardin sur lequel la rafale et l’orage viennent de passer. Les plantes, les fleurs sont encore étourdies et ployées sur leurs tiges par la tourmente, elles ruissellent encore de pluie. Mais le vent s’est apaisé, à l’horizon le ciel s’éclaire et s’illumine, un arc-en-ciel se dessine dans la brume et ses couleurs multicolores imprègnent tout le paysage de reflets chatoyants. Et sous cette influence quasi surnaturelle, la montée de la sève interrompue reprend, les fleurs courbées se relèvent, les branches se redressent, se tendent à nouveau vers l’espace. L’éternel printemps triomphe et reste vainqueur des forces brutales, la vie rebondit mordorée et s’épanouit heureuse.

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Paris le 8 mars 1947

Ma petite Suzanne chérie

En recevant et en lisant votre lettre, j’ai cru renaitre et revivre, me sentant sortir de l’abime d’angoisse où j’étais plongé. Je croyais rêver tant je m’attendais si peu à ce que vous m’écriviez et le choc a été d’autant plus inouï que, depuis votre autre lettre, le désespoir m’habitait. Le jour inattendu, éclatant et pur, se levait dans les ténèbres et je ne pouvais y croire.

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Paris le 28 février 1947

Chère Suzanne

J’ai compris !

J’ai compris qu’à ma lettre toute chaude et remplie d’espérance pour vous et moi, vous ne ressentiez nulle satisfaction, nulle émotion joyeuse. Et même le fait que vous soyez souffrante – et je souhaite que vous guérissiez vite – ne peut pas expliquer ce changement de climat moral. Aussi votre réponse m’est-elle un coup de massue et, disons-le, un arrêt de mort. Quel crève-cœur, alors que je me faisais une fête et une joie de vous revoir, mais de vous revoir avec les mêmes dispositions d’antan.

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Télégramme du 9 janvier 1947

Télégramme du 4 janvier 1947

Paris le 25 novembre 1946

Ma chère petite Suzanne

Je suis absolument confus d’avoir pu vous causer de l’inquiétude à mon sujet en me croyant malade, parce qu’il y a longtemps en effet que je n’avais pas répondu à vos lettres. J’ai été très fortement grippé, mais enfin ce n’était pas la raison qui laissait en suspens ma correspondance.

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Paris le 18 octobre 1946

Chère Suzanne,

Je reçois votre lettre qui me frappe d’un coup au cœur. J’ai en effet l’impression qu’il s’agit d’un « lâchage » ou tout au moins de la préparation à un lâchage.

En effet, vous commencez par m’entretenir d’une « rencontre » avec quelqu’un dont vous avez fait la conquête ! (Cela ne m’étonne d’ailleurs pas, mais si vous me soulignez la chose, c’est sans doute que vous avez un but particulier).

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