Archives de la catégorie ‘Lettres Henry’

Paris le 20 septembre 1946

Ma chère petite Suzanne

En arrivant ici, j’ai eu le bonheur de trouver vos deux gentilles lettres, écrites à un mois d’intervalle et qui m’ont fait un égal plaisir, bien que l’inspiration en fut tout à fait différente.

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Concorès le 30 aout 1946

Ma chère petite Suzanne

Enfin je respire ! Votre lettre (celle du 22 aout) est venue m’apporter de l’air pur dans l’atmosphère étouffante et déprimante où je me débattais depuis tant de journées qui me parurent si longues, à la suite des réflexions si bouleversantes que vous me fîtes. La fin de mes vacances sera ainsi meilleure que toute cette triste période où vous m’avez labouré comme un soc de charrue, chère cruelle amie.

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Concorès le 29 aout 1946

Ma bien chère Suzanne

Me voici à Concorès depuis une douzaine de jours. Mais ces vacances, comme je le prévoyais, s’annoncent plutôt tristes. Je me suis plongé dans une atmosphère de mélancolie provoquée par votre dernière lettre qui fut si pénible pour moi et qui ne quitte pas mon esprit, et qu’accentue encore le silence dans lequel vous me laissez (je vous assure que le temps parait long sans nouvelles de vous et alors que chaque jour d’attente vaine apporte une déception nouvelle. J’arrive à en perdre le gout de l’existence). Est-il possible que vous ayez ainsi changé si soudainement à mon égard et que tout ce que vous m’avez écrit depuis mon passage à Nice semble ainsi demeurer dans votre pensée comme évaporé et sans lendemain. Je me sens comme abandonné par vous.

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Paris le 6 juillet 1946

Ma chère petite Suzanne

Certes, vous avez bien raison de me gronder « et sérieusement » pour mon retard à répondre à votre lettre du 12 juin. Mais si je [ne] méritais pas d’être grondé de temps en temps, c’est que je serais parfait. Et la perfection n’est-elle pas une chose décourageante et monotone et dont on se lasse, à tel point qu’on a accordé aux saints mêmes le droit de commettre 7 péchés par jour. C’est plus qu’il ne m’en faut pour garder l’impression d’appartenir encore à la terre, avec tout ce que cela comporte de faiblesse, et d’éviter ainsi de planer dans le royaume des anges, comme un pur esprit sans défaillance, comme une émanation virginale de l’immaculée conception.

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Paris le 6 juin 1946

Ma chère grande [amie]

Me voici revenu au port d’attache. Il me semble me réveiller d’un long rêve merveilleux. J’ai l’impression aussi d’être un navire parti pour un grand voyage vers les mers du sud et qui maintenant, revenu à quai, va se décharger et dénombrer la riche cargaison qu’il rapporte. C’est l’heure donc du recueillement où l’on se plait à faire le bilan de la traversée. Les conquistadors devaient éprouver aussi cette joie détonante quand ils revenaient de leurs expéditions dans le nouveau monde avec tant de fabuleuses richesses.

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Gourdon le 1er juin 1946

Ma chère petite amie

Sur le point de regagner Paris, je vous écris une dernière fois.

J’ai retrouvé mon beau-père en excellente santé, n’ayant pas changé et ayant même plutôt rajeuni (n’est-ce pas d’ailleurs le compliment que vous m’avez fait et qui est celui sans doute qu’on décerne aux gens âgés, pour les réconforter j’imagine) depuis 9 mois que je l’avais quitté. Il jouit vraiment d’une magnifique vieillesse.

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Toulouse le 31 mai 1946

Mon amie si charmante

Ouf ! Me voilà presque au terme de mon voyage. Je vous donne quelques impressions sur cette dernière étape.

Depuis que j’ai quitté Nîmes-l’aquatique, où j’ai attrapé un rhume carabiné ce qui vous paraitra assez naturel d’après mon précédent récit, j’ai séjourné à Montpellier, assez grande ville, mais qui ne m’a pas paru présenter rien de marquant, si ce n’est un très beau jardin public. Il est vrai que je n’ai pu passer mon temps à la visiter.

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Gare de Tarascon – mercredi matin 28 mai 1946

Ma chère petite Amie

Il est 4h½ du matin et je suis en train de vous écrire dans le petit buffet de la gare de Tarascon.

On a joué de malchance. Le train que j’ai pris à Nice a eu des avaries en cours de route et a pris près de 2 heures de retard. Quand il est arrivé à Tarascon, qui doit assurer la correspondance, le train de Nîmes nous est parti sous le nez. Il faut maintenant attendre le suivant qui ne partira qu’à 8h35. Cela fera plus de 12h depuis mon départ de Nice. Il ne faut guère plus pour arriver à Paris. J’ai pris la tête des voyageurs mécontents (et il y avait de quoi) restés sur le quai, pour eng…uirlander le chef de gare et écrire une protestation collective sur le registre des réclamations.

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Mardi matin 8h – 27/05/46

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Paris le 21 mai 1946

J’ai éprouvé un fameux choc au cœur quand, ouvrant votre lettre, j’en ai retiré la photo que vous y aviez glissée, par laquelle j’ai remarqué que vous étiez toujours aussi jolie et même plus si cela est possible, moi j’ai suivi la même progression dans mon genre propre, c’est-à-dire qu’hélas je suis devenu de plus en plus « moche ».

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