Archives de la catégorie ‘Lettres Henry’

Concorès le 1er octobre 1941

Chère grande amie

Encore une journée sans lettre de vous ! J’en ai le cœur glacé. J’ai l’impression d’être abandonné. Je vous ai cependant beaucoup écrit. Pourquoi alors ne me répondez-vous pas ? Êtes-vous souffrante ? J’espère bien que non.

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Concorès le 30 septembre 1941

Ma chère et grande amie, je reviens bavarder avec vous. Ces jours-ci sont passés sans lettre de Nice et j’en suis tout chagriné. Je sentais qu’il me manquait l’essentiel ; qu’une journée sans ligne de vous ne marque pas dans ma vie. Maintenant que j’ai repris l’habitude de vous lire longuement, c’est à tout instant que je voudrais recevoir vos messages ; plus je vous lis et plus j’ai besoin de vous lire ; plus vous m’envoyez de photos et plus je désire en avoir d’autres ; plus vous vous manifestez à moi et plus ma pensée s’attache à vous.

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Concorès le 27 sept. 1941

Ma chère grande amie, j’ai été obligé de m’absenter pour aller voir des parents dans un autre coin du Lot, aussi suis-je en retard avec vous. Je trouve à mon retour vos lettres qui me font un plaisir immense. Tout ce que vous m’écrivez est d’une gentillesse infinie. Je trouve que j’ai une chance incroyable de tenir une telle place dans vos pensées et de m’y maintenir avec une constance qui me touche profondément.

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Concorès le 24 sept. 1941

Quel bonheur ! Quelle joie sans forme m’inonde depuis ce matin, depuis que j’ai reçu votre lettre, mon amie. Toute la journée j’ai été comme ivre de vous ; j’avais envie de courir dans les champs, de bondir dans l’espace, d’étreindre si j’avais pu, les prés, les ruisseaux, les collines, la nature entière tant je sentais mon être se dilater à l’infini depuis que par vos pages lues avidement vous veniez à nouveau de vous engouffrer en moi, de vous mêler avec plus de force que jamais à mon âme, à toutes mes fibres physiques aussi, de me soulever au-delà de moi-même, de m’apporter une telle plénitude qui constitue bien le bonheur absolu. C’est si bon en effet et tellement inespéré de vous retrouver toute entière exactement pareille à ce que vous étiez au moment même où l’an dernier l’existence nous sépara, ne laissant plus entre nous qu’un mince filet ténu bien insuffisant pour étancher sa soif.

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Concorès 20 septembre 1941

Ma chère grande amie

Quelle joie de me sentir en zone libre et surtout de pouvoir vous écrire librement après avoir été privé pendant un an de ce plaisir.

Hier en passant à Cahors pour me rendre à Concorès, je vous ai envoyé un télégramme pour vous apprendre que j’étais enfin dans le Lot et pour vous demander de m’écrire.

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Concorès le 26 juillet 1940

Chère méchante amie, je ne puis me plaindre que vos lettres soient uniformes ; elles soufflent tantôt le froid et tantôt le chaud et si j’étais d’une santé fragile, je risquerais certainement de prendre mal au milieu de ces courants d’air alternés qui, sans transition, plongent dans de singulières sautes de température. Votre lettre du 21 juillet en particulier semble avoir été expédiée du pôle et j’en suis tout glacé.

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Concorès 5 juillet 1940

Mon amie, je ne sais si ma plume aura la force et le courage de vous écrire cette dernière lettre. Il me faut cependant vous quitter, vous faire mes adieux et vous devez comprendre à quel point je dois faire appel à mon énergie, à ma volonté pour m’entretenir encore une fois avec celle par qui j’ai connu de si profondes émotions et qui, de sa jolie main, vient de tordre et de broyer mon cœur entre ses doigts.

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Concorès le 18 juin 1940

Ma chérie, quelle délivrance ce fut pour moi de recevoir ta lettre du 14, mettant fin au cauchemar qui m’angoissait depuis tant de jours, car je me demandais anxieusement si ma précédente lettre avait pu sortir de Paris et te joindre pour te donner une adresse nous permettant de communiquer encore. Enfin, Dieu soit loué ! Le sort nous a été clément puisque j’ai le bonheur de te lire à nouveau. Il me semble être sorti d’un effroyable tunnel au bout duquel je retrouve ton apparition lumineuse. Quelle joie ma petite femme adorée de t’avoir encore, de t’enlacer de mes bras, de te couvrir de baisers. Quelle ivresse ! Quelle splendeur ! Tu es là !!

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Paris le 9 juin 1940

Chère Mademoiselle, ma plume emploie encore ce terme qui me parait bien dépassé par nos sentiments réciproques et elle voudrait plutôt écrire « chère amie », si je ne craignais de vous paraitre familier, ou mieux encore, ce que mon cœur murmure, « ma chérie » ou « mon amour ».

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Paris le 2 juin 1940

Chère Mademoiselle

Je vous avoue humblement que je n’ose plus vous écrire. Par l’envoi de votre portrait, il s’est produit entre nous deux un effondrement tel qu’il me parait infranchissable et de ceci, je demeure dans le plus douloureux désarroi.

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