28 octobre 2008
Archives de la catégorie ‘Lettres Henry’
28 octobre 2008
Paris le 14 avril 1960

Ma chère petite Suzanne
Encore une nouvelle plongée de moi dans le silence ! Vous allez bien vous dire qu’il s’agit là d’une maladie chronique et incurable ! Et vous auriez raison. Quand j’ai trop tardé à répondre, je ne reprends plus pied, comme je l’ai souvent expliqué, je ne sais plus comment me rattraper et ainsi le silence s’accroit encore. Mais quand une occasion propice se présente – et comment pourrait-il en être une meilleure et plus symbolique que celle de Pâques, c’est à dire la Fête de la Résurrection – je la saisis avec empressement et avec grande joie.
27 octobre 2008
Paris le 4 janvier 1960

Ma chère petite Suzanne
Je suis dans la confusion la plus extrême, comme vous pouvez le croire, d’être aussi en retard avec vous. Que devez-vous penser de moi ? Vous avez le droit d’être sévère, mais vous ne sauriez croire à quel point mon temps a été haché depuis la mi-décembre.
26 octobre 2008
Paris le 20 octobre 1959

Ma chère petite Suzanne
Vous devez vous impatienter bien justement et l’attente de me lire doit vous paraitre bien longue. Vous avez bien dû soupçonner que ce retard était dû à une cause involontaire. Je viens en effet de subir, comme presque chaque année, une forte bronchite qui m’a immobilisé ces temps-ci et dans ces conditions, il m’aurait été difficile, ma pauvre amie (je barre « pauvre » parce que vous n’aimez pas ce qualificatif, je ne sais trop pourquoi) de m’occuper de vous durant votre séjour à Paris. Cet handicap a eu un second effet, c’est que je n’ai pu retirer ma cousine de son hospice qu’avant-hier, alors qu’on devait la remettre sous ma sauvegarde au début d’octobre.
26 octobre 2008
Concorès le 3 sept. 1959
Ma chère petite Suzanne
Ce petit mot va vous causer une grande surprise, puisqu’il est écrit de Concorès. ma Chambre Syndicale a eu, en effet, la bonne idée de m’accorder une semaine de congé supplémentaire (ayant déjà pris le mois de juin) parce que ces temps-ci le bulletin que je rédige a été supprimé durant la fermeture des usines d’automobiles.
25 octobre 2008
Paris le 8 aout 1959

Ma chère petite Suzanne
J’attendais avec impatience l’arrivée de Ste Suzanne pour vous souhaiter une bonne et heureuse fête. Elle et moi sommes exacts au rendez-vous et tous les deux nous vous embrassons fort et vous entourons de toute notre profonde amitié (j’ai glissé entre les doigts de cette charmante sainte de quoi vous offrir un petit souvenir à votre gout).
25 octobre 2008
Concorès le 23 juin 1959

Ma chère petite Suzanne
Votre lettre si gentille a été pour moi un grand réconfort et je vous en remercie affectueusement.
Vous faites un historique très fidèle des évènements fâcheux qui me sont arrivés au cours de ces dernières années. Comme on dit « jamais deux sans trois », j’espère avoir épuisé maintenant la gamme de la série noire.
24 octobre 2008
Concorès le 11 juin 1959

Ma chère petite Suzanne
Vous allez être bien stupéfaite en recevant ma lettre de Concorès, car, comme vous le savez, je n’ai pas l’habitude de prendre mes vacances au mois de juin. Je suis cependant ici depuis une dizaine de jours. Que s’est-il donc passé ?
24 octobre 2008
Paris le 27 mars 1959

Ma chère petite Suzanne
Je lisais ces jours-ci une lettre de Claude Debussy dans laquelle il y avait ce passage : « A mesure que je vieillis, je m’aperçois que je suis de plus en plus atteint par la maladie du retard« . Cette phrase, je pourrais, hélas, me l’attribuer. C’est bien, en effet, une maladie dont il s’agit, car je ne vois pas d’explication possible à cet état vraiment léthargique dont je suis victime et qui cloue sur place ma correspondance, même celle qui m’est la plus chère.

