Cahors – 1er mai 1967

Ma chère petite Suzanne

Merci de tout cœur pour l’envoi de vos petits brins de muguet porte-bonheur. Je vous adresse également les miens, toujours de Cahors où je continue à être à l’hôpital.

« Pas de nouvelles, bonnes nouvelles » me dites-vous en me rappelant le proverbe. Hélas il n’en est pas de même pour moi et je me rends bien compte de mon état. Je suis atteint d’emphysème pulmonaire et c’est une chose dont on ne guérit pas, qui vous accompagne jusqu’à la mort et même qui la hâte.

Mon moral n’est toutefois pas atteint, prenant les choses avec sérénité et considérant ma vie comme pratiquement terminée telle une plante arrachée de terre attendant que la sève s’arrête.

Je regrette de vous envoyer des lignes aussi tristes en ce début de mai qui marque plutôt le renouveau ; mais je vous devais bien la vérité.

Suzanne chérie, je vous embrasse de tout mon cœur.

Henry

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