Concorès ce 10 aout 1961

Ma bien chère Suzanne

Cette lettre va vraiment vous obliger à croire aux revenants. Et cela est plus vrai encore que vous ne sauriez l’imaginer. Vous avez bien dû supposer quand même que mon long silence et que ma non réponse à vos précédentes lettres avaient une cause indépendante de ma volonté. La raison de cette carence était en effet un cas de force majeure, dont voici l’essentiel.

En fin de mars dernier, j’ai subi une crise cardiaque extrêmement violente. On a dû me transporter au Service de cardiologie de l’hôpital Lariboisière où j’ai été hospitalisé pendant longtemps. J’ai eu de la chance de m’en tirer, mais j’ai eu le bras droit comme paralysé pendant plusieurs mois et je me trouvais naturellement dans l’impossibilité d’écrire. De ce fait, j’ai dû interrompre, en même temps que ma correspondance, mes occupations à la Chambre Syndicale de l’Automobile.

J’ai été terrassé par cette crise si brusquement que je n’ai même pas pu vous envoyer le mandat que j’avais pris pour vous le 27 mars dernier à Paris et que vous trouverez ci-joint.

J’y ajoute ce billet, chère Suzanne, à l’occasion de votre fête, en même temps que je vous adresse tous mes meilleurs vœux.

Je viens d’arriver à Concorès où j’ai bien besoin de me reposer et de me refaire. D’ici peu, quand j’aurai repris tout mon équilibre, je répondrai à vos lettres que j’ai emportées avec moi.

Mais je n’ai pas voulu laisser passer la Ste Suzanne sans que vous sachiez que ma pensée est venue vers vous.

En attendant de vous écrire très bientôt, je vous embrasse bien affectueusement.

Henry

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