Concorès le 20 sept. 1966

Ma bien chère Suzanne

Comme vous devez le penser, je me suis réjoui de recevoir votre lettre ainsi que vos photos qui l’accompagnaient. Parlons d’abord de ces dernières : je vois avec admiration que vous ne changez pas ; les années peuvent passer, vous êtes toujours aussi rayonnante et plus délicieuse que jamais. Vous êtes un cas quasi miraculeux !

Pour ce qui est de la lettre que j’attendais avec tant d’impatience, vous semblez surprise de ma carte destinée à vous faire comprendre que je me morfondais. A ce sujet, vous me répliquez très justement et même très malicieusement que j’ai souvent été fautif plus que vous et que la poutre n’avait pas le droit de critiquer la paille.

J’en conviens pleinement ; mais je vais plaider un peu les circonstances atténuantes : d’habitude, quand vous étiez en vacances, vous m’écriviez une ou plusieurs lettres pour me raconter le détail de vos excursions et cela en plus des cartes. Cette année, il n’en fut plus de même ce qui me causa une impression de privation. Voilà donc les choses remises sous leur jour véritable.

Ma sensibilité est peut-être, en effet, plus vive en ce moment, plus portée à la mélancolie et à la tristesse, car je traverse une très mauvaise passe au point de vue santé. Le séjour à la campagne ne m’a pas remis sur pied, car mon cas était plus sérieux que je ne pensais. C’est du côté de la poitrine, des poumons que je flanche. J’ai consulté un spécialiste de Cahors, lequel s’est mis en rapport avec mon cousin le docteur Rédoulès. De leur entretien il a été décidé que je dois aller à l’hôpital de Cahors pour y recevoir des soins appropriés pour me tirer d’affaire… si c’est possible.

Voilà ma chère petite Suzanne les tristes nouvelles que je peux vous donner à mon sujet. Je vous écrirai sous peu pour vous donner l’adresse exacte de l’hôpital quand j’y serai.

Je vous quitte en vous embrassant de tout mon cœur.

Henry

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