Lettres à Suzanne

Ma chère petite Suzanne

Je ne veux pas laisser passer votre fête sans vous adresser tous mes meilleurs vœux les plus affectueux. A cette occasion je vous joins ici un petit mandat pour vous permettre de gâter Bijou de ma part.

Je souhaite également que vos vacances se déroulent, pour vous et votre maman, le plus agréablement possible et que le repos vous apporte tout le bien dont vous avez tant besoin.

J’espère que le site où vous vous trouvez vous permettra de ne pas trop regretter celui de St Étienne de Tinée que vous fréquentiez toujours jusqu’ici.

Les premiers jours passés à Concorès semblent déjà m’avoir fait du bien. Je me sens un peu moins fatigué.

Je ne compte pas séjourner toute l’année ici. Les hivers y sont trop froids dans cette vallée orientée vers le Nord. Et puis d’ailleurs, il faudra bien que je tâche de me trouver quelque chose à Paris, pour arrondir si possible mes ressources qui naturellement vont singulièrement baisser. Et du reste, il me serait pénible de quitter complètement la capitale. En tout cas, je serai plus libre et je pourrai venir jusqu’à Nice pour vous voir, si ma santé ne me fait pas trébucher.

J’ai dû faire exécuter dans mon habitation de Concorès des réparations à la toiture qui se traduisent par une facture de près de 250 000 fr. (anciens francs). C’est un peu lourd, surtout à un moment où je prends ma retraite.

Ici il fait un temps splendide. Il n’a pas plu depuis 2 mois ½ et la campagne souffre de la sècheresse. Kiki est naturellement avec moi.

Ce doit vous être fort agréable de vous trouver dans une ferme avec tous les produits de la culture à votre portée. Vous devez aller cueillir des fruits dans « le verger ». Nous n’en avons pas à Concorès à cause des gelées tardives qui se sont produites au début de juin.

Je mange toujours à mon auberge habituelle que vous connaissez.

Est-ce que votre frère ne viendra pas vous rejoindre pour se reposer de la vie de Paris ?

Chère petite Suzanne, je vous quitte en vous embrassant de tout cœur.

Henry