Paris 29 avril 1963

Ma chère petite Suzanne

Vous m’écrivez dans votre lettre du 18 avril : « j’espère que je ne resterai pas des mois sans vous lire » ; aussi je saisis avec empressement cette période de l’année pour que ce brin de muguet vous apporte sous ces clochettes, avec tous mes vœux de bonheur, ces quelques lignes de mon écriture.

En ce qui concerne mes nouvelles, je me sens un peu mieux ; la fièvre qui me fatiguait tant commence à disparaitre ; puisse cette amélioration se confirmer et se prolonger le plus longtemps possible, car je commençais vraiment à me décourager.

Je suis bien heureux d’apprendre que vos médecins tortionnaires ont fini par désarmer.

Les complications qui se sont accumulées après le décès de ma cousine proviennent du fait des sommes élevées qu’elle devait à l’Assistance Publique, de sorte que son mobilier, 15 mois après son décès, n’a pu encore être vendu à la Salle des Ventes par suite des oppositions.

Pour ce qui est de ma retraite, je n’ai perdu aucune pièce et mon dossier a été constitué d’une façon complète, mais comme j’ai été successivement au service d’organismes différents, les services liquidateurs doivent travailler sur des plans différents, d’où des retards pour harmoniser tous ces calculs et aboutir à un chiffre global. En tout cas, j’ai reçu ces derniers temps un premier acompte qui a été pour moi, je vous prie de croire, le bien venu.

Toutes ces causes réunies font que je n’ai pu encore aller me retremper à Concorès.

D’ailleurs, cette habitation est si froide l’hiver que cela aurait été pour moi risqué d’y séjourner. J’attendrai donc le retour des chaleurs, lequel se fait bien attendre.

Il est bien fâcheux que vous n’ayez pu obtenir d’augmentation de votre traitement à une époque où le cout de la vie ne fait qu’augmenter. Je suppose que votre appartement si joli doit atteindre maintenant un prix foret élevé.

En vous souhaitant, chère Suzanne, que votre santé continue à se maintenir, je vous embrasse bien affectueusement.

Henry

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