Paris le 11 avril 1963

Ma chère petite Suzanne

Vous allez dire et surtout penser que je suis un homme à éclipse. Hélas ! et j’en suis, croyez-le bien, le premier affligé, et je vous prie, de tout cœur, de me pardonner un trop long silence qui ne vient pas de ma volonté.

J’ai encore eu, en effet, tous ces temps-ci une existence bien compliquée : sur le plan matériel d’abord avec des ennuis concernant la succession de ma cousine et le règlement de ma retraite qui reste toujours en panne. Tout cela serait trop long à vous expliquer et pas agréable à raconter.

De plus, au point de vue santé, cet hiver et même ce printemps ne m’ont guère été favorables.

Après avoir eu une forte bronchite, je suis actuellement obligé de garder la chambre étant atteint d’une mauvaise grippe, avec forte fièvre.

Tout cela réuni ne me met guère en forme pour écrire, mais je ne veux pas laisser passer Pâques 1963 sans vous souhaiter, pour vous et votre maman, de bonnes fêtes pascales.

J’espère que vos médecins vous laissent maintenant un peu tranquille et que votre santé se maintient malgré les rigueurs d’un hiver implacable, qui cependant a été à Nice moins dur que dans tout le reste de la France.

Il me tarde d’aller mieux et de pouvoir ressortir et jouir un peu du soleil qui vient enfin de faire sa réapparition à Paris.

Êtes-vous toujours satisfaite de votre secrétariat ?

Chère Suzanne, je termine ma lettre car je me sens très fatigué, mais je me sens encore la force de vous embrasser de tout mon cœur.

Henry

Les commentaires sont fermés.