Paris le 19 avril 1962

Ma chère petite Suzanne

J’espérais que votre dernière lettre m’apporterait des nouvelles plus réconfortantes à votre sujet. Mais je vois, hélas, que cet imbroglio invraisemblable dont vous êtes victime se prolonge à la honte des sinistres médicastres qui vous prennent, semble-t-il, comme sujet d’attraction et qui vont finir par vous rendre réellement malade. Je ne sais que vous conseiller pour échapper à de pareils gens qui semblent sortis d’un univers à la Kafka.

Vous deviez, m’écriviez-vous, voir un nouveau spécialiste. Espérons que celui-ci vous aura apporté enfin une tranquillité morale à laquelle vous avez bien droit après toutes les épreuves que vous venez d’endurer.

Je vous souhaite de tout cœur que Pâques, symbole du renouveau, vous apporte la fin de toutes vos pénibles tribulations et que vous pourrez reprendre le cours normal de votre existence dont vous avez été arrachée d’une façon qu’on pourrait qualifier de burlesque, si vous n’en aviez pas été la proie innocente.

J’attends donc votre prochaine lettre avec beaucoup d’impatience.

De mon côté, rien ne va très bien. Ma santé n’est toujours pas très fameuse ; la succession de ma cousine m’apporte surtout des difficultés et des tracas ; enfin ma situation à la Chambre Syndicale est toujours chancelante.

Vous voyez, chère Suzanne, que pour vous comme pour moi, 1962 n’aura pas été une année de rêve.

Enfin, puisqu’il faut être philosophe, espérons en des demains consolateurs et c’est sur cet espoir que je vous embrasse de tout cœur.

Henry

P.S. Je joins à ma lettre, afin qu’ils vous arrivent à temps pour les fêtes pascales, ces deux petits oeufs de Pâques.

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