Paris le 26 juillet 1966

Je suis comblé et confus par toute votre généreuse gentillesse qui ne se dément jamais.

Je vous remercie de tout mon cœur de votre bel envoi qui m’a fait un si grand plaisir. Je viens de le recevoir à Paris après qu’il eut fait un crochet à Concorès, car hélas je suis toujours ici et je ne sais pas encore pour combien de temps.

Quand on est entre les griffes des médecins, on n’en réchappe pas facilement. Je me rappelle ce que vous m’avez écrit lors de votre pneumonie. Toujours est-il que je continue à stagner dans une période d’examens cliniques qui jusqu’ici n’ont pas apporté grand chose. Mais je continue à tousser constamment et à avoir de la fièvre. Il en résulte que je suis tout à fait à plat.

Je suis convoqué à nouveau pour subir une expérience, mettons une épreuve, qui ne me sourit guère. On doit en effet m’insuffler dans le poumon je ne sais quel liquide pour obtenir un examen plus approfondi. Ensuite, après avoir enregistré le résultat, il me sera indiqué ce qu’on fera de moi. Peut-être m’enverra-t-on dans un sanatorium en haute altitude.

Tout cela, vous voyez, n’est pas très réjouissant, aussi mon moral est-il bien bas.

Ceci vous explique mon retard à répondre à votre dernière lettre si gentille. Je suis délabré au point de n’avoir plus de gout à rien. Ce n’est pas la vie de Paris qui me fatigue car je reste étendu presque toute la journée. Ce que je souhaite profondément, c’est qu’on me relâche pour que je puisse aller me réfugier à Concorès. Il me semble que ce sera pour moi le meilleur remède.

Mais enfin, c’est bien assez, c’est même trop parlé de moi. Je pense que vous êtes tout à fait sur le point de partir en vacances ce dont vous devez avoir grand besoin après une année de labeur. Votre maman et aussi Bijou doivent vous attendre avec impatience dans la Savoie.

Votre petite histoire d’ailleurs romanesque m’a bien amusé. Mais comme vous avez dû causer de déconvenue à ce soupirant en lui avouant que vous étiez la femme d’un riche industriel américain. Bravo, vous avez l’imagination fertile.

Continuez à m’écrire à Paris et donnez-moi votre adresse de Gerardmer.

Chère Suzanne, je vous remercie encore mille fois et je vous embrasse de tout mon cœur.

Henry

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