Concorès le 1er sept. 1956

Ma bien chère Suzanne

Me voici de nouveau à Concorès comme je vous l’avais fait prévoir dans ma dernière lettre, celle où je vous adressais mes bons vœux de fête.

Je vous prie de croire que ce n’est pas très gai ici en ce moment. On se croirait transporté dans un monde aquatique. L’eau ruisselle de partout. Il pleut sans arrêt et à torrents. Il a fait hier soir un orage épouvantable qui a duré pendant plus de 2 heures et qui était d’une violence telle que je n’en avais jamais vu de pareil. Les arbres ployaient et se tordaient en tous sens, répandant partout leurs feuilles et leurs branches. Le pire, c’est qu’il y avait de la grêle et que les dernières récoltes sur lesquelles on comptait, en particulier le tabac (les céréales ayant été détruites ce printemps par la gelée) ont été hachées.

Il n’y aura donc cette année que des impôts à payer et rien à recevoir. La note sera lourde. Elle le sera d’autant plus pour moi que je dois faire exécuter sur la toiture et de toute nécessité, des réparations importantes pour lesquelles je me suis déjà abouché avec un couvreur.

Vous voyez, chère Suzanne, que la campagne et les propriétés, ce n’est pas toujours drôle !

De votre côté, j’espère que le soleil ne vous a pas déserté et que vous ne subissez pas le déluge qui nous assaille, si j’en juge par les nombreux incendies de forêt qu’on signale partout sur la Côte.

Je pense que c’est le moment où vous allez prendre vos vacances dans votre région comme d’habitude. Je vous adresse ci-joint un petit mandat pour contribuer modestement à ces frais.

Je serai heureux de vous lire. Je compte rentrer à Paris le 14 courant, reprenant mes occupations le 15. Il me tarde d’ailleurs que ce séjour touche à sa fin, car avec ces cataractes qui tombent du ciel, on ne peut même pas mettre le nez dehors.

Je vous embrasse de tout cœur, chère Suzanne, en vous souhaitant, ainsi qu’à votre maman, de meilleures vacances que les miennes.

Henry

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