Concorès le 3 sept. 1959

Ma chère petite Suzanne

Ce petit mot va vous causer une grande surprise, puisqu’il est écrit de Concorès. ma Chambre Syndicale a eu, en effet, la bonne idée de m’accorder une semaine de congé supplémentaire (ayant déjà pris le mois de juin) parce que ces temps-ci le bulletin que je rédige a été supprimé durant la fermeture des usines d’automobiles.

J’ai donc rejoint avec plaisir mon petit coin du Lot. Je regagnerai Paris samedi ou dimanche. Le docteur Crozat m’ayant emmené avec lui un jour où il était allé à Cahors, j’ai acheté cette carte que je trouve charmante et qui vous rappellera ce pays que vous dites aimer, bien que notre région fasse figure de Cendrillon par rapport à la Côte d’Azur.

En passant à Cahors, j’ai fait un pèlerinage jusqu’au petit restaurant où nous avions fait un si bon repas avec des écrevisses, afin de raviver en moi ce si bon souvenir.

Vous devez être partie avec votre maman à St Étienne de Tinée. Je vous souhaite chère Suzanne d’excellentes vacances, en attendant celles que vous viendrez prendre à Paris.

Je me suis amusé à découper, pour vous l’envoyer, ce fragment de journal qui vous montrera que les chefs d’orchestre ont l’habitude d’épouser des femmes bien jeunes par rapport à eux. Paul Paray fait je crois exception.

Quelles sont donc les questions que vous me posiez et auxquelles je n’aurai pas répondu ? Je ne vois pas. Ma santé est bonne et si j’ai encore certaines douleurs à l’épaule, c’est bien supportable.

La fille du docteur Rédoulès, Janine que vous connaissez je crois, se propose de mettre un nouvel enfant au monde (ce sera le quatrième) dans les environs du mois de février.

Puisque vous m’embrassez « tendrement », chère petite Suzanne, je vais vous embrasser d’un cran plus fort, par exemple « follement ».

Henry

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