Paris le 22 décembre 1960

Ma bien chère Suzanne

Combien souvent, ces temps-ci, j’ai été désireux de vous écrire ! Et je ne le faisais pas pour une raison bien simple que sans doute vous ne soupçonniez pas. Alors je suis bien obligé de vous la dévoiler.

Je voulais vous envoyer ma petite mensualité habituelle mais y ajouter également de quoi participer à votre petit Noël ainsi qu’à votre 1er de l’An. Or, je dois vous avouer que ces dernières semaines, je me trouvais coincé, financièrement parlant, par le fait que sont venues converger simultanément sur mon portefeuille d’indésirables obligations : frais de médecin et de pharmacien, résultat de ma dernière maladie, derniers impôts à payer avec date limite, enfin dépenses assez fortes pour les réparations que j’ai dû faire effectuer à la suite des dégâts provoqués chez moi par les inondations que vous savez.

Enfin, aujourd’hui, comme on a réglé notre mois par anticipation, je suis en mesure de vous adresser ce mandat qui vous permettra peut-être de vous offrir quelques agréments.

Je suis bien soucieux pour vous en raison des difficultés matérielles dont vous êtes victime. Le Monsieur qui est mon homonyme (prénominalement parlant) a agi envers vous avec beaucoup d’indélicatesse. Vous qui avez manifestement un faible pour lui, vous devez sans doute faire des réserves à son sujet.

En ce qui concerne les 7 réponses faites à votre demande d’emploi, je pense quand même que tout ne sera pas demeuré négatif. Je le souhaite de tout cœur.

Certains points, certaines critiques me visant, dont étaient émaillées vos dernières lettres, sont restés en suspens. Je me réservais et me réserve toujours le droit d’y répondre, car la vérité jaillit souvent de la discussion et ne se trouve pas forcément cantonnée d’un seul côté.

Mais aujourd’hui, je ne veux engager la controverse et dans la sérénité de cette période de fin d’année, je vous adresse, chère Suzanne, ainsi qu’à votre maman, tous mes vœux les plus affectueux pour Noël et le 1er de l’An.

J’espère que pour vous l’année 1961 sera moins décevante que celle qui se termine.

Je vous embrasse, chère Suzanne, de tout cœur.

Henry

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