Archives de la catégorie ‘1940-1944’

Concorès 20 septembre 1941

Ma chère grande amie

Quelle joie de me sentir en zone libre et surtout de pouvoir vous écrire librement après avoir été privé pendant un an de ce plaisir.

Hier en passant à Cahors pour me rendre à Concorès, je vous ai envoyé un télégramme pour vous apprendre que j’étais enfin dans le Lot et pour vous demander de m’écrire.

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Concorès le 26 juillet 1940

Chère méchante amie, je ne puis me plaindre que vos lettres soient uniformes ; elles soufflent tantôt le froid et tantôt le chaud et si j’étais d’une santé fragile, je risquerais certainement de prendre mal au milieu de ces courants d’air alternés qui, sans transition, plongent dans de singulières sautes de température. Votre lettre du 21 juillet en particulier semble avoir été expédiée du pôle et j’en suis tout glacé.

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Concorès 5 juillet 1940

Mon amie, je ne sais si ma plume aura la force et le courage de vous écrire cette dernière lettre. Il me faut cependant vous quitter, vous faire mes adieux et vous devez comprendre à quel point je dois faire appel à mon énergie, à ma volonté pour m’entretenir encore une fois avec celle par qui j’ai connu de si profondes émotions et qui, de sa jolie main, vient de tordre et de broyer mon cœur entre ses doigts.

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Concorès le 18 juin 1940

Ma chérie, quelle délivrance ce fut pour moi de recevoir ta lettre du 14, mettant fin au cauchemar qui m’angoissait depuis tant de jours, car je me demandais anxieusement si ma précédente lettre avait pu sortir de Paris et te joindre pour te donner une adresse nous permettant de communiquer encore. Enfin, Dieu soit loué ! Le sort nous a été clément puisque j’ai le bonheur de te lire à nouveau. Il me semble être sorti d’un effroyable tunnel au bout duquel je retrouve ton apparition lumineuse. Quelle joie ma petite femme adorée de t’avoir encore, de t’enlacer de mes bras, de te couvrir de baisers. Quelle ivresse ! Quelle splendeur ! Tu es là !!

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Paris le 9 juin 1940

Chère Mademoiselle, ma plume emploie encore ce terme qui me parait bien dépassé par nos sentiments réciproques et elle voudrait plutôt écrire « chère amie », si je ne craignais de vous paraitre familier, ou mieux encore, ce que mon cœur murmure, « ma chérie » ou « mon amour ».

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Paris le 2 juin 1940

Chère Mademoiselle

Je vous avoue humblement que je n’ose plus vous écrire. Par l’envoi de votre portrait, il s’est produit entre nous deux un effondrement tel qu’il me parait infranchissable et de ceci, je demeure dans le plus douloureux désarroi.

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Paris le 19 mai 1940

Mademoiselle

Quel long espace de temps entre ma dernière lettre et celle-ci et cependant je vis constamment avec votre pensée. Mais j’ai été plus malade que je ne prévoyais, ayant eu une angine après ma grippe, puis toutes sortes de tribulations.

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Paris le 14 avril 1940

Vous êtes véritablement adorable, Mademoiselle. Et ce mot par lequel je voudrais résumer l’impression produite en moi par votre lettre ne me satisfait pas toutefois, car il peut être aussi bien adressé à d’autres qui le méritent par leur grâce, leur gentillesse et leur qualité d’âme.

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Paris le 30 mars 1940

Mademoiselle,

Je suis tout à fait confus de répondre seulement aujourd’hui à votre aimable lettre du 29 janvier, suscitée par mes quelques lignes de Candide du 23/1/40, n°3226 et qui commençaient ainsi : « Écrivain, ayant situation à Paris, propriété, etc.« . Mais ayant dû m’absenter longtemps, en raison de mes occupations actuelles, qui m’appellent en différents points de la France, je n’ai pu en prendre connaissance que tout récemment.

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