2 octobre 2008
Paris le 4 janvier 1950

Ma pauvre chère petite Suzanne
J’ai été atterré en recevant votre lettre. J’étais loin de m’imaginer le motif de votre silence et j’aurai préféré n’importe quelle autre raison que celle qui existe. Si j’avais eu les moyens matériels de le faire, c’est moi qui serais parti à la place de ma lettre pour être à vos côtés et vous réconforter de ma tendresse. Je ne puis être présent près de vous que par la pensée hélas et je me sens comme Eugénie de Guérin qui, dans son Journal à propos de son frère malade, écrivait : « Être dans une chambre à côté de la sienne, comme ici, pour l’entendre respirer, dormir, tousser. Oh tout cela je l’entends, mais à travers deux cents lieues. Oh ! distances, distances !« . Tous ces sentiments, je les vis intensément.