Concorès le 9 aout 1958

Ma bien chère Suzanne
Je vous adresse tous mes vœux les plus affectueux de bonne et heureuse fête.
Je regrette de ne pas être à côté de vous pour vous la souhaiter de la même manière que vous la mienne en juillet dernier. Je ne puis donc vous faire la surprise de déposer à côté de votre assiette un joli volume. Par contre, je puis vous permettre de vous acheter en mon nom quelque chose qui vous fera plaisir, par le billet ci-joint.
J’avais bien reçu avant de quitter Paris votre lettre et ici votre carte m’est bien parvenue. Je suis heureux à la pensée du plaisir que vous comptez prendre dans le calme de Concorès. Dans une prochaine lettre, je vous adresserai un viatique pour votre voyage.
Mais d’ici là, je vais sans doute être obligé de revenir à Paris pour un voyage rapide, afin d’accompagner ma vieille cousine à rentrer chez elle, si je puis réussir à l’arracher aux griffes qui l’enserrent actuellement. On veut en Des gens cherchent en effet à la dépouiller de sa fortune, de son mobilier et de son appartement. C’est une sombre histoire à la Balzac dont je vous avais un peu parlé à Nice. Ma cousine a donc été placée d’autorité à l’hôpital de Gourdon, pour permettre à ceux qui veulent s’emparer de ce qu’elle a d’agir pendant ce temps-là à Paris.
Toute cette affaire me donne un souci immense et je vous assure que le début de mes vacances en est gâché. Je me demande comment tout cela va se terminer.
Encore bonne et bonne fête chère Suzanne. Je vous embrasse bien affectueusement.
Tous mes hommages à votre maman.
Henry