Paris le 12 mars 1950

Ma chère petite Suzanne

Quel cœur admirable, le vôtre. Et comme peu d’êtres auraient été capables d’écrire la lettre émouvante, pathétique que vous m’avez envoyée. Comme je suis heureux de vous savoir d’une sensibilité pareille, si vibrante, si frémissante, si constamment tenue en haleine par ce que la vie peut offrir de joyeux et surtout de douloureux. Il y a une telle parenté d’âme entre nous !

Lire la suite »

Concorès le 16 janvier 1950

Ma chère petite

Je reviens vous trouver. Si vous saviez comme je suis anxieux à votre sujet. Cette pensée que vous êtes toujours couchée depuis plus de 2 mois me poursuit, car habituellement dans une pleurésie, cela, je crois, dure moins longtemps. Dans quel état vous devez être ! De ne plus rien savoir depuis fin décembre me met dans une inquiétude sans nom. Si au moins je pouvais recevoir cette semaine des nouvelles de vous et surtout qu’elles soient meilleures. Avez-vous au moins un bon médecin et qui fasse usage des remèdes modernes, comme la streptomycine dont je vous parlais dans ma dernière lettre ; et il y en a d’autres parait-il, dont me parlait le Dr Rédoulès et dont je n’ai pas retenu le nom. Que votre maman m’adresse un mot si vous êtes trop faible pour le faire.

Lire la suite »

Paris le 4 janvier 1950

Ma pauvre chère petite Suzanne

J’ai été atterré en recevant votre lettre. J’étais loin de m’imaginer le motif de votre silence et j’aurai préféré n’importe quelle autre raison que celle qui existe. Si j’avais eu les moyens matériels de le faire, c’est moi qui serais parti à la place de ma lettre pour être à vos côtés et vous réconforter de ma tendresse. Je ne puis être présent près de vous que par la pensée hélas et je me sens comme Eugénie de Guérin qui, dans son Journal à propos de son frère malade, écrivait : « Être dans une chambre à côté de la sienne, comme ici, pour l’entendre respirer, dormir, tousser. Oh tout cela je l’entends, mais à travers deux cents lieues. Oh ! distances, distances !« . Tous ces sentiments, je les vis intensément.

Lire la suite »

Paris le 29 décembre 1949

Ma chère Suzanne

Je vous adresse tous mes vœux les plus affectueux de nouvel an. Mais je ne sais plus trop ce que je dois ajouter. Qu’écrire en effet à quelqu’un qui ne vous répond même plus ? Il me semble que toutes mes phrases tomberaient dans le vide, s’il n’y a en face ni une oreille pour les entendre, ni une voix pour leur faire écho.

Lire la suite »

Concorès le 16 aout 1949

Ma chère petite Suzanne

Je viens vous retrouver.

Je m’efforce ici de me remettre un peu sur pieds. Le Docteur Rédoulès ne m’a trouvé que 10 de tension au lieu de 15 ou 16 que je devrais normalement avoir, ce qui indique un état général plutôt à plat. C’est probablement la mauvaise année, faite de tourments et de difficultés, qui est cause de ce fléchissement.

Lire la suite »

Concorès le 11 aout 1949

Ma chère petite Suzanne

C’est de Concorès que je vous adresse tous mes vœux de bonne et heureuse fête. Concorès où vous n’êtes pas et où je suis sans vous, ce qui rend mon séjour plutôt triste.

Lire la suite »

Paris le 23 mai 1949

Ma pauvre petite Suzanne

Combien j’ai été émotionné et consterné en apprenant l’accident dont vous avez été victime. Combien de remords aussi s’agitent en moi en vous lisant, en constatant les déceptions que je vous cause par mon silence et que je devine bien avant même que vous me l’exprimiez. Mais que voulez-vous, ma pauvre petite, c’est plus fort que moi, c’est comme si une force insurmontable m’annihilait au moment où je désire ou veux vous écrire. Me débattant dans les pires difficultés matérielles, ne pouvant encore rien vous dire d’heureux, je n’ai plus le courage de vous aborder ; j’attends toujours, sinon un miracle, du moins un rétablissement, une remise en équilibre. Si j’avais eu de bonnes nouvelles, croyez bien que je vous en aurai fait part aussitôt et avec quelle joie et que je vous aurai écrit d’une façon répétée pour compenser tous mes manques, dont je suis affligé, sachant combien ils retentissent désagréablement en vous.

Lire la suite »

Dimanche 10 avril 49

Ma pauvre petite Suzanne

Vous ne devez plus rien comprendre à rien, avec tout ce silence.

Vous devez bien deviner quand même que depuis 2 mois les choses ne vont pas bien pour moi. C’est ce qui fait que je n’ai plus eu le courage de vous écrire, laissant ainsi vos dernières lettres sans réponse.

Lire la suite »

Concorès le 6 octobre 1948

Ma chère petite Suzanne

Je reçois votre lettre qu’on m’a transmise de Paris et qui est arrivée aussitôt après mon départ.

Quelle n’a pas été ma stupeur de voir que votre venue à Paris, que je croyais imminente, se trouve différée de plusieurs mois. Cela me cause un gros crève-cœur, mais en lisant vos raisons, je ne puis que les approuver.

Lire la suite »

Paris le 8 aout 1948

Ma chère petite Suzanne

Dire que voilà 2 mois que vous m’avez écrit et que vous êtes depuis restée sans nouvelles. Je suis moi-même sidéré d’avoir laissé s’accumuler un pareil silence et je n’invoquerai pas, je vous l’assure, des circonstances atténuantes. Ce long retard à vous écrire s’est produit je ne sais comment, inconsciemment, et quand je cherche à m’en donner des raisons, je n’en trouve pas.

Lire la suite »