Paris le 1er mai 1946

Ma chère grande amie

Malgré ma correspondance trop espacée en effet, je ne vous oublie pas. Je vais répondre à votre dernière lettre et aux questions que vous me posez et qui ne me paraissent nullement indiscrètes ou gênantes. Elles me sont même agréables puisqu’elles témoignent de quelque intérêt pour moi.

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Paris le 11 aout 1945

Ma chère grande Amie

Vous allez croire que c’est une lettre posthume que je vous adresse de l’autre monde. Mon silence, si prolongé, a dû vous paraitre inexplicable, bien que j’aie pris le soin, par un télégramme, de vous avertir que contrairement à vos suppositions toute mon amitié vous restait entière, ce qui voulait dire que mon silence n’était pas dû à un motif vous concernant.

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Gourdon le 20 février 1945

Ma chère grande amie

Enfin votre lettre du 31 janvier est venue mettre un terme à mes alarmes qui étaient grandes, car je ne m’imaginais pas que la raison de votre silence était une bouderie et je faisais toutes sortes de suppositions plus ou moins dramatiques, par exemple que vous étiez gravement malade ou bien que vous vous étiez faite enlever par un romantique amoureux. Cette dernière hypothèse me tourmentait fort, aussi ai-je écrit à votre maman pour l’inviter à m’annoncer cette triste chose (pour moi), pensant qu’elle ne l’osait pas d’elle-même.

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Télégramme du 5 février 1945

Paris le 28 juillet 1944

Ma chère grande amie

Grande a été ma joie en recevant votre petit mot du 10 juillet qui a mis plus de 15 jours pour me parvenir ! Vous avez été infiniment gentille de penser à ma fête. Cela m’a fait plaisir et je vous en remercie de tout cœur.

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Paris le 30 mai 1944

Ma chère grande amie

Je lis aujourd’hui dans les journaux le terrible bombardement qui a eu lieu vendredi à Nice et qui a fait tant de victimes. Vous devez penser combien je vais demeurer angoissé jusqu’à ce que j’ai reçu de vos nouvelles et combien le temps va me paraitre long d’ici là. J’espère bien qu’il ne vous est rien arrivé de fâcheux, à vous ou à votre maman et que vous aurez eu la pensée de m’écrire aussitôt qu’il vous aura été possible.

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Paris le 4 avril 1944

Ma chère grande amie

C’est à peine si j’ose vous écrire après un si long silence. Mais si vous saviez à quel point j’ai été surmené tous ces temps-ci par des déplacements continuels dûs aux enquêtes que je dois faire en ce qui concerne les bombardements de plus en plus fréquents, vous comprendriez pourquoi je n’ai pu venir vous retrouver plus tôt, ainsi que je me l’étais promis. Et cependant, j’ai bien souvent pensé à vous, à vos dernières lettres qui m’ont fait tant de plaisir, me disant des choses si gentilles et dont j’ai été très vivement touché.

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Paris le 10 octobre 1943

Ma chère grande amie

Quand je suis rentré à Paris avec pas mal de retard provoqué par un déraillement du train qui précédait le mien, j’espérais trouver une lettre de vous. Mais hélas, il n’y avait rien. Je suis alors allé rue Thoullier à l’hôtel Soufflot pour savoir si conformément à la lettre que j’avais adressée de Concorès, on vous avait écrit pour vous dire s’il restait encore une chambre de libre. Hélas j’ai appris qu’il n’y avait plus rien de disponible et qu’on vous en avait d’ailleurs prévenu. Vous aviez attendu trop longtemps pour me répondre et faire retenir la chambre. j’ai été profondément désolé par cette nouvelle circonstance venue contrecarrer vos projets. Vraiment vous n’avez, ou plutôt nous n’avons pas de chance, puisque je me réjouissais tant moi-même de votre retour.

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Paris le 9 aout 1943

Ma pauvre amie

De retour d’une nouvelle absence je trouve votre lettre du 30 juillet qui me navre et m’enchante à la fois.

Je suis infiniment heureux à la pensée de vous revoir sous peu, combien par contre je suis désolé que ce soient des circonstances si dramatiques qui vous obligent à quitter Nice si précipitamment. Dire que les autres années vous étiez, à pareille époque, en vacances dans les montagnes de  Savoie ! Pauvre, pauvre amie, comme je vous plains, comme votre vie actuelle est malheureuse. Vous ne méritiez vraiment pas un pareil tort !

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Paris le 26 mai 1943

Ma chère grande amie

Il s’est écoulé bien du temps entre votre dernière lettre et ma réponse que je vous adresse aujourd’hui seulement, au point que c’est à peine si j’ose vous écrire, car j’ai toutes les apparences d’être en faute envers vous et vous savez que dans ce cas on a plutôt tendance à se laisser oublier en faisant le mort. Ainsi, mon silence risquerait de durer indéfiniment, alors que je ne cesserais de penser à vous avec des remords accrus. Ce serait vraiment une situation qui deviendrait pour moi intolérable et que je ne veux pas laisser se prolonger davantage.

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