Paris le 24 juin 1958

« suz-ANNE, ma chère suz-ANNE. Ne vois-tu rien venir ?
Non ! Je ne vois que l’herbe qui verdoie et la route qui poudroie… »
Ah ! mais si. Mais si ! Il me semble apercevoir au loin, très loin quelque chose qui bouge, quelqu’un qui s’affaire, qui fait des préparatifs de départ dans les environs de la gare de l’Est.
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Mais oui, mais oui ma chère Suzanne, je me dispose à tenir ma promesse et compte venir, en escapade, faire un petit saut jusqu’à vous. Comme je ne serai pas en congé régulier, mon absence d’ici ne pourra qu’être brève et mon séjour à Nice ne sera donc que de 3 ou 4 jours. Mais ce seront des jours qui compteront pour moi intensément, puisque j’aurai le bonheur d’être avec vous. Ce sera aussi pour moi un grand plaisir de revoir votre maman.
Si donc je n’ai pas d’empêchement imprévu, je prendrai le train mercredi matin 9 juillet (ou au plus tard le lendemain jeudi) pour arriver le soir à Nice vers 22h12, je crois. Je repartirai pour Paris le dimanche soir ou le lundi matin.
Vous seriez gentille, ma chère Suzanne, de vous informer si, à ce moment-là, il y aurait une chambre disponible dans l’hôtel où j’étais descendu il y a quelques années et qui se trouvait, je crois en face de la gare.
Espérons qu’à l’époque où vous me ferez contempler les beautés de le Côte d’Azur, le temps sera un peu plus agréable que maintenant. Ici, il pleut sans arrêt et il fait froid.
Je ne vous entretiens pas d’autre chose dans cette lettre puisque bientôt c’est de vive voix que nous parlerons de tout. Mais je veux vous dire dès maintenant : tâchez, s’il vous est possible, de me réserver la seconde quinzaine d’aout pour venir à Concorès et vous retremper dans ce lieu qui vous avait tant plus.
J’ajoute encore, en réponse aux lignes de votre dernière lettre où vous me disiez si affectueusement que « les beaux souvenirs que vous me deviez comptent parmi les meilleurs de votre vie« . Croyez bien, ma chère petite Suzanne, que ces souvenirs retentissent pareillement dans mon cœur et que je voudrais que l’avenir puisse les multiplier.
Je vous embrasse bien tendrement.
Henry
P.S. Je n’apporterai pas Kiki avec moi