Paris le 4 juillet 1958

Ma chère petite Suzanne
Je vous adresse en hâte ce petit mot très court car j’ai beaucoup de travail à mener à bien avant mon départ.
Je vous remercie bien vivement de votre si gentille lettre. Croyez bien que j’aurai moi aussi un immense plaisir à me retrouver avec vous.
Le programme que vous avez esquissé pour passer au mieux ces quelques jours me parait bien séduisant. Je vous suivrai d’ailleurs aveuglément, comme Œdipe conduit par sa fille Antigone.
Je partirai donc, comme vous me l’avez demandé, mercredi matin 9 courant ; ma place est déjà retenue.
Bien sûr que vous pourrez venir m’attendre à la gare, si cette heure tardive ne vous dérange pas trop. Je n’ai pas les coquetteries de star et j’affronterai que vous me voyez peut-être fatigué. Je vous préviens à l’avance que je porte toujours une cicatrice, ce qui est bien désagréable.
Soyez gentille, je vous prie, de confirmer à l’hôtel mon arrivée.
Je vous dis donc à mercredi soir et vous embrasse, ma petite Suzanne, bien affectueusement.
Henry