Paris le 6 aout 1960

Ma chère petite Suzanne

Je suis vraiment terriblement ennuyé et ne recevant rien de moi, vous devez vous demander ce qui se passe.

Ce qui se passe, le voici.

Depuis de nombreux jours, je ne fais que courir les hôtels pour vous retenir une chambre et partout c’est la même réponse : « rien à louer » et cela pour toute la durée du Salon. Et pour quelques hôtels, cela va même encore au delà puisque, à l’Hôtel Français où je suis allé tout d’abord, car c’est là que j’aurais aimé que vous descendiez, tout est retenu jusqu’au 23 octobre. Je suis allé au Terminus qui est un vaste hôtel de 300 chambres, même réponse. Et partout où je vais dans mes pérégrinations, je me heurte à la même situation. Jamais je n’aurai supposé une situation pareille. D’ailleurs, cet article que je découpe dans France-Soir d’aujourd’hui vous en donnera un aperçu.

De toute façon, chère Suzanne, je vous adresse dès aujourd’hui le mandat de 25 000 f. pour vos frais de voyage et de restaurant dans le train. Je vais continuer à voir d’autres hôtels à tout hasard (j’en ai déjà visité plus de 20) et dès que j’aurai quelque chose d’assuré pour vous, je vous adresserai un télégramme pour vous préciser le jour de votre voyage.

En plus de cet ennui, j’en ai un autre qui est d’un ordre différent. J’ai lu dans les journaux que Concorès était coupé de toute communication, ainsi que St Germain, par suite d’une crue violente du Céou. Et comme ma demeure est au bord de cette rivière, je me demande si elle n’a pas subi de terribles dégâts. Je n’ai pas encore de nouvelles de chez moi, mais il me tarde d’en recevoir car je reste bien inquiet.

Je vous quitte vite en vous embrassant de tout mon cœur et en vous disant quand même à bientôt.

Henry

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