Paris mardi 10 mai 1960

Ma chère petite Suzanne

Depuis le début de ce mois, je viens de passer des journées d’enragé. Ma cousine vient, en effet, de subir encore une série de nouveaux troubles mentaux qui la poussent à quitter son « chez elle » et à partir dans l’inconnu. J’ai donc dû monter la garde auprès d’elle, à son domicile, non pas toute la journée, en raison de mes occupations à l’Automobile, mais plusieurs fois par jour pour essayer de la raisonner et l’empêcher de faire des bêtises. Croyez bien que je traine avec elle un fameux poids lourd et même un véritable boulet.

Mais parlons d’autre chose. Parlons surtout de vous.

Le beau temps parait maintenant bien stabilisé. Je pense donc que vous vous préparez activement à venir. Dès que j’aurai votre affirmation sur ce point avec précision, au moins approximative, de la date de votre arrivée, je me précautionnerai d’une chambre pour vous, de préférence à l’Hôtel Français. Et dès que cette chambre sera retenue (j’espère qu’il n’y aura pas d’écriteau « complet »), j’ouvrirai pour vous « le feu vert ». Je vous enverrai, bien entendu, tout ce qu’il vous faudra pour assurer vos frais de voyage. Votre séjour ici m’incombera naturellement.

Je suis désolé de vous savoir si mal rémunérée par « Monsieur Biscuit ». Il a de la chance de vous avoir, mais la réciproque n’est pas vraie ! Il me parait extraordinaire que, depuis le temps, il n’ait pas réussi à rétablir sa situation.

Je vous quitte vite, chère Suzanne, pour que ma lettre ne tarde pas encore à partir et j’attends avec impatience de vous lire.

Je vous embrasse bien affectueusement.

Henry

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