Le 20 sept. 1967

Suzanne chérie,

Votre aimable lettre de samedi est là, devant moi… avec les trois images qui représentent mon plus cher, mon inestimable trésor.

Pardonnez-moi, mon cher cœur, de vous avoir occasionné de la peine. Oubliez, ô, oubliez ce vilain geste de vous avoir renvoyé vos photos ! Je vous supplie, moi qui vous adore. Suzanne, pardonnez-moi.

J’ai été tellement désemparé en recevant votre avant dernière lettre ! (à tort d’ailleurs, je le sais…), il m’a semblé entendre comme un prélude à notre relation, et mon cœur ténébreux, obscurci, ce cœur qui vous aime, vous désire tant et qui est à vous, eut un sursaut de désespoir !

Ô ! Tant d’azur m’apportent vos paroles dans le gris de mes heures solitaires ! Ces douces paroles qui sont musique pour mes oreilles et qui jaillissent de votre cœur si bon, me submergent par leur tendresse – ô ! je me sens merveilleusement bien… je marche avec joie vers vous, ma lumière, le chemin fleuri sous mes pas.

Suzanne, mon âme.

Suzanne, mon cœur, corps praxitélien, beauté céleste, vous m’éblouissez… Depuis que je vous connais, je ne suis plus le même… un autre a pris ma place et vous écrit… Souvent je regarde votre signature comme mangée à demi par vos dents fraiches… Ô ! J’aime passionnément vos lettres ! Je les adore et les relis tout le temps. Comme vous écrivez bien ! Vos douces paroles sont les degrés tendres de l’escalier qui me conduit vers la sphère céleste du bonheur. Ô ! Suzanne ! Je n’existe plus qu’en vous… mon cœur est vide… toute ma vie, ma tendresse est en vous.

Je ne peux pas vous dire que je vous aime. Ce n’est pas assez fort. Désirez-vous que je vous dise l’amour que j’ai pour vous ? Que j’use de mots vains, toujours insuffisants ?

Je suis tout à vous – cœur, âme, corps. Fusion totale dans le délire d’amour.

Louis

P.S. Demain je vous répondrai plus longuement, vous aurez mon « Exprès » pour samedi matin.
Pensées et plus encore !

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