Paris le 12 juillet 1965

Ma chère petite Suzanne
Que devez-vous penser de moi et de mon long silence dont je vous demande pardon.
Mais je viens de traverser une bien pénible épreuve dont je n’arrive pas à me remettre et dont je garde le cœur broyé !

Ma chère petite Suzanne
Que devez-vous penser de moi et de mon long silence dont je vous demande pardon.
Mais je viens de traverser une bien pénible épreuve dont je n’arrive pas à me remettre et dont je garde le cœur broyé !

Ma chère petite Suzanne
J’ai été bien content de vous lire, mais votre lettre est venue ajouter à ma confusion du fait que je suis resté si longtemps sans vous écrire. Veuillez bien me le pardonner, je vous prie, mais je dois vous dire que, depuis ma sortie de clinique, mon état de santé a été fort déficient et que j’attendais d’aller mieux pour vous donner de mes nouvelles.

Ma petite Suzanne chérie
Combien j’ai été touché et ému pour l’élan d’âme dont vous m’avez témoigné au cours de la pénible épreuve que je viens de subir. Je vous en exprime ma plus affectueuse et profonde gratitude.

Ma chère petite Suzanne
Vous m’avez véritablement par trop comblé avec cette magnifique boite de délicieuses cerises à l’eau de vie enveloppées de chocolat !

Ma chère petite Suzanne
Vous voilà maintenant complètement réinstallée à Nice. Vous avez dû sans doute reprendre le collier avec bien de la mélancolie après vos belles vacances. Êtes-vous revenue dans la situation que vous paraissiez vouloir quitter ou bien avez-vous pu trouver autre chose qui vous conviendrait mieux et dans une branche mieux appropriée à vos gouts ?

Ma chère petite Suzanne
Vous voilà donc maintenant de retour à Nice, apportant avec vous une moisson de bien jolis souvenirs, si j’en juge par les cartes ravissantes que vous m’avez envoyées et dont je vous remercie de tout cœur. Cela m’a permis de vous imaginer par la pensée dans tous ces beaux décors, sans oublier le Trianon où nous fumes ensemble. A cet égard je me souviens d’un épisode que vous avez peut-être oublié. Je vous le rappelle : nous étions donc (c’était je crois en 1942 lors de votre premier séjour à Paris) dans les profondeurs du parc de Versailles et dans les parages du petit Trianon et tout près du temple d’amour. Saisie par cette ambiance de rêve et voulant sans doute l’intensifier en profondeur, vous me demandâtes de vous laisser me quitter un moment pour vous permettre de vous abandonner aux charmes d’une solitude plus complète.