Paris le 30 décembre 1962

Ma chère petite Suzanne
Au moment de vous écrire, bien des pensées m’assaillent et se bousculent dans mon esprit et dans mon cœur. Mais comment tout dire à la fois ! Procédons par ordre.
Concorès le 11 sept. 1962

Ma chère petite Suzanne
J’ai tardé un peu malgré moi à vous écrire, car je voulais adjoindre à ma lettre une photo récente de moi que les personnes qui ont loué ma demeure ont bien voulu prendre ; mais le développement des plaques ayant tardé à se faire, je viens de n’obtenir mon image que ces jours-ci. Je vous la communique donc. Vous pourrez constater le maigrissement de ma figure depuis que vous m’avez vu.
Concorès le 9 aout 1962

Ma chère petite Suzanne
Je ne veux pas laisser passer votre fête sans vous adresser tous mes meilleurs vœux les plus affectueux. A cette occasion je vous joins ici un petit mandat pour vous permettre de gâter Bijou de ma part.
Concorès le 2 aout 1962

Ma chère petite Suzanne
Que devez-vous penser de moi ? Surement pas grand bien et, en somme, les apparences vous donneront raison. En effet, vous remercier à cette date du magnifique cadeau que vous m’aviez envoyé pour ma fête, c’est proprement une honte ! Et tous les jours qui s’écoulent depuis la date de votre envoi ne faisaient qu’ajouter à mes remords et à ma confusion.
Paris le 1er juillet 1962

Ma chère petite Suzanne
Quand votre dernière lettre est arrivée ici, je n’étais pas à Paris. Je me trouvais au Mans, où j’avais été envoyé par la Chambre Syndicale pour collaborer à l’organisation d’une course d’automobiles connue sous le nom des « 24 heures du Mans ».
Paris le 19 avril 1962

Ma chère petite Suzanne
J’espérais que votre dernière lettre m’apporterait des nouvelles plus réconfortantes à votre sujet. Mais je vois, hélas, que cet imbroglio invraisemblable dont vous êtes victime se prolonge à la honte des sinistres médicastres qui vous prennent, semble-t-il, comme sujet d’attraction et qui vont finir par vous rendre réellement malade. Je ne sais que vous conseiller pour échapper à de pareils gens qui semblent sortis d’un univers à la Kafka.
Paris le 20 mars 1962

Ma chère petite Suzanne
L’homme à éclipse que je suis revient vous retrouver. Comme je vous l’avais exprimé dans mon dernier mot, j’ai été profondément affligé par les nouvelles que vous me donniez de votre santé. J’ai lu avec effarement et stupeur, par vos copies dactylographiées, le récit de vos tribulations entre ces divers médecins qui semblent des personnages échappés d’une comédie de Molière.
Paris le 8 mars 1962

Ma chère petite Suzanne
Je suis bien affligé d’avoir appris, par vos deux dernières lettres, que votre état de santé vous causait des soucis ou tout au moins des tribulations. J’en éprouve une sincère tristesse, dont vous pourriez douter peut-être par le temps que j’ai mis à vous répondre.
Paris le 22 décembre 1961

Ma chère petite Suzanne
J’ai été véritablement confus – et je voudrai trouver un mot plus fort pour vous exprimer ma pensée – quand j’ai reçu votre magnifique envoi de ces délicieux chocolats. Vraiment vous me gâtez par trop et cela me gêne infiniment que vous ayez fait une telle dépense pour me manifester une fois de plus votre tendre amitié. Je vous en remercie de tout mon cœur.
